◊ Les caractéristiques

Les caractéristiques du fantastique

Le héros

Les évènements surnaturels créent chez le héros une tension affective et entraînent des émotions parfois positives (la curiosité, la joie, l’émerveillement,…), mais le plus souvent négatives (la peur, l’angoisse,…). Pour neutraliser cette tension affective, le héros pose des hypothèses qui sont d’abord rationnelles (logiques), puis irrationnelles (illogiques). Ses actes auront différentes orientations : vérification des hypothèses, fuite, agression, passivité,…

Le récit à la première personne

Le récit fantastique est fréquemment conduit à la 1ère personne. Cela permet de raconter des phénomènes fantastiques à partir de la conscience du narrateur de faire partager au lecteur ses incertitudes, ses interrogations, son effroi.

Le lecteur partage la perception du narrateur qui constate, sans les comprendre, des phénomènes surnaturels, ce qui nourrit le suspens.

Le cadre 

Le fantastique introduit des évènements surnaturels dans le cadre de la vie réelle. Cette rencontre des deux mondes est souvent progressive, l’insolite s’introduisant pas à pas dans le cadre de la réalité.

 

Le contexte spatio-temporel

Ces histoires se déroulent souvent dans des lieux confinés, oppressants ou alors inquiétants, isolés (château, cimetière, bord de rivière, maison inhabitée, magasin d’antiquité,...).

On présente au lecteur un lieu inconnu, parfois hostile. Cependant, il ne s’agit pas d’un monde imaginaire. C’est bien dans notre univers réel qu’un phénomène étrange se déclenche.

Le moment joue aussi un rôle important : il s’agit du moment où l’œil humain éprouve des difficultés à discerner le vrai du faux, la réalité de l’illusion ou du rêve. Ainsi, la nuit noire et profonde, l’aube ou le crépuscule permettent de douter de ce qui est vu. Les conditions météorologiques participent aussi à ce brouillage de repères spatio-temporels (brouillard, pluie).

Les thèmes 

 Le récit fantastique efface les limites et transgresse les lois :

  • Soit dans la relation entre l’homme et le monde extérieur :

-  l’espace se déforme,

-  le temps perd sa linéarité (le temps n’est plus respecté),

-  les objets changent de fonction,

-  les objets se métamorphosent ;

  • soit dans la relation entre l’homme et son inconscient (les troubles de la personnalité,  la double personnalité, fantasmes, folie, changement,…).
  • On peut retrouver dans les histoires fantastiques :

-  un pacte avec le démon, le diable ;

-  une âme en peine qui exige pour son repos qu’une action soit accomplie ;

-  le mort qui se réveille ;

-  la mort personnifiée, apparaissant au milieu des vivants ;

-  la « chose » indéfinissable et invisible mais qui est là et qui tue ou qui nuit ;

-  les vampires qui se nourrissent du sang des vivants ;

-  Le loup-garou, les spectres, fantômes ;

-  la statue, la momie ou le mannequin maléfiques, l’armure qui s’anime ;

-  l’intervention des domaines du rêve et de la réalité ;

-  les demeures désertes, les maisons hantées par des présences ;

-  la chambre, l’appartement, la maison, la rue,… effacé de l’espace ;

-  l’arrêt ou la répétition du temps.

Les champs lexicaux

  • Les champs lexicaux du surnaturel et de la mort

Ces champs lexicaux évoquent un monde imaginaire qui transporte le lecteur hors de la réalité. Ils révèlent la présence d’êtres immatériels (l’esprit, le fantôme, le double) ou infernaux (le diable, le sorcier).

  • Les champs lexicaux de la peur et de la folie

Ces champs lexicaux soulignent la terreur qu’inspirent aux personnages ou au narrateur les phénomènes paranormaux et mettent en place une atmosphère d’épouvante, de terreur, d’angoisse, de folie qui s’entremêlent pour brouiller nos perceptions et nous faire douter.

L’expression de l’indétermination

Les modalisateurs du doute et les indéfinis qui plongent le lecteur dans le flou.

Des verbes tels que croire, penser, sembler, paraître ou des locutions adverbiales comme peut-être, sans doute traduisent la perplexité du personnage ou du narrateur. Des pronoms indéfinis (quelqu’un, quelque chose, on), démonstratifs (cela, ça) ; des expressions indéterminées (la créature, la chose), mettent en évidence le caractère innommable de toute présence surnaturelle.

Les figures de style

Différentes techniques sont utilisées pour créer cette atmosphère, notamment celle de créer un effet de réel afin de rendre l’histoire crédible. Le fantastique joue avec les émotions du lecteur.

Les personnifications, les comparaisons et les descriptions  sont des figures de style très souvent rencontrées dans le fantastique.

La personnification

Figure de style qui consiste à attribuer des conduites ou des traits humains à des objets ou à des idées et peut produire, selon les contextes, des effets poétiques, tragiques ou comiques.

Ex. : Alors un mouvement se faisait dans les buissons. Une rose, empourprée d’une flamme céleste, levait la tête et regardait Médar avec un sourire angélique.

E.T.A. Hoffmann, Les Élixirs du diable.

La rose personnifiée devient extraordinaire.