La situation d’énonciation
I. Définition :
Un énoncé est un message (écrit ou oral) produit par un émetteur pour un destinataire. Cet émetteur appelé aussi l’énonciateur, ou encore locuteur, accomplit un acte : l’énonciation.
II. La situation d’énonciation :
1. C’est la situation dans laquelle est produit un énoncé : qui parle ? A qui ? Quand ? Où ?
2. Pour comprendre cette situation, il faut se demander :
Qui parle à qui, quand et où, pour dire quoi et avec quelle intention
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1. l’émetteur---------------5.le message--------------2.le récepteur
Celui qui produit le message le contenu : l’énoncé celui qui reçoit le message
3. Quand : le moment de l’énonciation 4. Où : où l’émetteur se trouve
Emetteur et récepteur sont-ils dans le même temps et le même lieu ?
6. Avec quelle(s) intention(s) : les visées du texte : ce pour quoi il est écrit.
III. Les deux types d’énoncé :
1. les énoncés ancrés dans la situation d’énonciation :
On parle d’énoncé ancré lorsque l’énonciateur (celui qui parle ou écrit) et le destinataire partagent la même situation d’énonciation. C’est un énoncé dans lequel celui qui parle s’implique. C’est le cas pour les lettres, les dialogues réels (conversation au téléphone) ou fictifs (roman, théâtre, BD).
Cet énoncé est caractérisé par :
a. Les marque de la personne signalant la présence des interlocuteurs (pronoms personnels et déterminants possessifs de la 1ère et la 2ème personne : je, tu, nous, vous, mon, ton,)
b. Les marques du temps et du lieu :
●Le présent est utilisé pour exprimer ce qui correspond au moment de l’énonciation. C’est pourquoi on appelle ce présent le présent de d’énonciation. Il sert de repère temporel. Les autres temps se choisissent par rapport à ce moment de l’énonciation.
Système du présent
Evénement passés moment référence Evénement à venir
Passé composé et -------------Présent--------------Futur-------
Etait-ce hier ? Depuis quand la nuit dure-t-elle ? Qui te dira ?
Le jour ne s’est pas levé
EX : A bord du Santiago, le 18 mai 1799. Pendant huit jours le capitaine nous a maltraités. Aujourd’hui nous prenons la fuit. Demain nous serons libres.
●Les déictiques : ce sont les adverbes de temps et de lieu qui ne peuvent avoir de sens qu’en fonction de la situation de communication comme « ici, demain, Aujourd’hui ».
c. Les marques de la subjectivité du locuteur (les modalisateurs).
2. Les énoncés coupés de la situation d’énonciation :
Certains énoncés sont coupés du présent. Ce sont principalement des récits menés au passé simple (temps de référence) et à la troisième personne : une distance est établie entre ce qui est raconté. Les faits ne se situent plus par rapport au présent d’énonciation mais par rapport à d’autres événements passés.
Le point de repère se situe dans la passé. Les temps verbaux montrent l’organisation des événements par rapport à ce moment de repère situé dans le passé.
Système du passé
Evénements passés Moment de référence Evénement à venir
---Plus-que-parfait et------Imparfait/Passé simple------Futur dans le passé---
Passé antérieur
Je n’avais jamais vu Une fraîcheur glaciale montait Je n’aurais la force
Paris aussi désert. de la rivière, je descendis. de remonter.
EX : En l’an 1799, le capitaine Amassa Delano entra dans le port de Santa-Maria.
Les repères spatio-temporels ne sont pas des déictiques.
a. Repères temporels :
◊ Avant le point de référence (la veille, l’année précédente…)
◊ Pendant (cette année-là, ce jour-là, un jour…)
◊ Après (l’année suivante, le lendemain, deux mois plus tard…)
b. La présence de la 3 personne (ou de la 1ère personne, quand le narrateur est un personnage du récit). c’est le cas des romans, des nouvelles, textes documentaires, textes historiques…
N.B.
-Dans les récits au passé :
◊ Les paroles rapportées au style direct sont ancrées dans la situation d’énonciation des personnages.
◊ passages narratifs sont coupés de la situation d’énonciation du narrateur.
EX : Il se leva tôt en disant : « aujourd’hui, je prends le train à 8 heures ».
-Dans les récits autobiographiques :le système coupé correspond à l’évocation du souvenir, et le système ancré au moment de l’écriture (narrateur adulte).
Il est rare qu’un texte soit ancré ou coupé de la situation d’énonciation du début à la fin. Généralement, un texte mélange les deux types d’énoncés.
La 3ème personne peut se trouver aussi dans l’énoncé ancré. (Ex : dans une lettre, il est toujours possible de parler de quelqu’un d’autre que de soi ; dans ce cas, on utilise la 3ème personne.)
Un texte narratif à la première personne peut parfois être aussi coupé de la situation d’énonciation (ex : le narrateur raconte une histoire dont il a été le personnage, sans relation avec le moment de l’énonciation).
Un énoncé ancré dans la situation d’énonciation peut se trouver intercalé dans un énoncé coupé de la situation d’énonciation (c’est le cas des dialogues)
Ex : Oswald regarda fixement Corinne à ces mots ; elle baissa les yeux et se tut. Lord Nelvil lui répondit : « Je ferai ce que vous m’ordonnez ». Et il partit. (La phrase en caractère gras est ancrée dans la situation d’énonciation mais elle est insérée dans un énoncé coupé de la situation d’énonciation).
Enoncé
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Exemples
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Indices personnels
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Indicateurs de temps et de lieu
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Temps des verbes
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Modalisateurs (indices de sentiments et de jugements de l’énonciateur)
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Enoncé ancré dans la situation d’énonciation
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Lettre, Récit à la première personne, Journal intime, Dialogue, Autobiographie
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-Pronoms personnels et possessifs de la première et 2ème personne (Je, me, moi, tu, vous, le mien, le vôtre…) -Déterminant possessifs de la 1ère et 2ème personne (mon, vos…) = déictiques*
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(près d’) ici, dans cette pièce, dehors, aujourd’hui, Hier, demain, dans un an
= déictiques*
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Présent d’énonciation, passé composé, futur, imparfait…
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-Adverbes : sans doute, certainement, peut-être, absolument - Verbes : croire, douter, ignorer, pouvoir… - Adjectifs péjoratifs ou mélioratifs
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Enoncé coupé de la situation d’énonciation
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Récit (à la 3ème personne surtout
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Pronoms personnels de la 3ème personne : Elle(s), il(s), eux, leur..
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(non loin de) là, dans sa chambre, à l’extérieur, ce jour-là La veille, le lendemain, un an après.
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Passé simple, imparfait Présent de narration ou de vérité générale.
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