La littérature marocaine d’expression française
La littérature marocaine d’expression française est une conséquence de la colonisation du Maroc par la France (1912-1956). La fiction du roman marocain d’expression française s’est basée sur la réalité sociale et culturelle du pays tout en restant conforme aux règles classiques du roman français du 19e siècle, notamment en ce qui concerne la progression chronologique des événements et la mise en valeur de l’expérience personnelle de l’auteur.
Les précurseurs du roman marocain d’expression française, comme Sefrioui dans La Boîte à Merveilles, ont utilisé la langue française comme moyen d’expression seulement, pour raconter une histoire bâtie, en fait, sur l’usage de la narration de contes et d’anecdotes, éléments importants dans une culture (marocaine en l’occurrence) de tradition orale.
En 1954, Driss Chraïbi a également bâti la fiction autobiographique de son roman sur la réalité socio-culturelle de son pays mais il est plus virulent dans son ouvrage intitulé Le Passé Simple, un roman qui a défrayé la chronique de l’époque car il y montre les failles d’une société marocaine aux traditions figées.
Après l’indépendance, le nombre d’écrivains marocains d’expression française augmente. Ces derniers se distinguent à travers leurs écrits par la même problématique : ils se trouvent confrontés à un problème d’identité et de bi-culturalisme. Nous remarquons à travers leurs textes une dichotomie entre langue arabe /langue française, Maghreb/ occident, tradition / modernité, d’ou leur tentative de s’éloigner à la fois de l’oralité, héritage national, mais aussi des traditions d’écriture française. Le roman marocain s’en ressent en se livrant alors à une écriture qui se veut sciemment fragmentée. Dans Harrouda ou dans Moha le Fou, Moha le Sage de Tahar Ben Jelloun par exemple, le lecteur est confronté à une écriture complexe et compliquée car elle ne suit pas le schéma du roman traditionnel, prête ainsi à dérouter le lecteur. Dans La Mémoire tatouée d’Abdelkrim Khatibi, se dégagent des thèmes comme la question de la culture populaire, le problème d’identité, le tout fait à travers une écriture morcelée et déstructurée. Il n’y a plus de récit à proprement dire mais seulement une écriture fragmentée.