Le biographique

 

Le biographique ou le récit de vie est un genre littéraire très ancien qui s’est développé à partir du XVIIIème  siècle avec Les Confessions de Jean Jacques Rousseau et l’avènement du « moi » dans la poésie  romantique.

Les écritures biographiques

Malgré leur diversité, elles peuvent être classées en deux grandes catégories.

 

Je = auteur, narrateur, personnage

Le mot "autobiographie" est composé de trois racines grecques : "autos" ("soi-même"), "bios" ("la vie"), "graphie" ("écrire"). Philippe Le Jeune la définit comme « un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait da sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité.» (Le pacte autobiographique, 1975) ce qui suppose que l’autobiographe est à la fois le narrateur, l’auteur et le personnage central (ou témoin) du récit. Il y a donc identité entre les trois « je » qui renvoient à la même personne.

-L’auteur, personne réelle dont le nom paraît sur la couverture. C’est lui qui écrit.

-Le narrateur, créé par l’auteur, c’est lui qui raconte à la 1ère personne. C’est le « je » « narrant ».

-Le personnage (principal ou témoin) est celui dont on raconte l’histoire. C’est le « je » narré ».

 Ce regard rétrospectif sur une vie révolue suppose ainsi un effort de recomposition. L’auteur qui dans son pacte autobiographique s’engage à restituer avec exactitude et fidélité son passé se trouve souvent confronté à des souvenir imprécis. L’autobiographie pose ainsi le problème de la vérité et celui de la sincérité. (Jean-Paul Sartre, Les Mots, 1964).

 

Autres rapport entre auteur, narrateur et personnage

Le roman autobiographique est un récit à la 1ère personne fait par un narrateur-personnage distinct de l’auteur. Ce genre dont la souplesse a favorisé la libre exploration du « moi » s’est développé au XIXème siècle.

Les frontières entre l’autobiographie est le roman autobiographique sont floues. A ce sujet, Philippe Le Jeune précise qu’ « il n’y a aucune différence entre roman autobiographique et autobiographie : c’est à l’extérieur, sur la couverture du livre qu’on apprend que le nom de l’auteur n’est pas celui du personnage-narrateur. »   

Au pacte autobiographique se substitue alors un pacte romanesque (la boîte à merveilles, 1954)

La biographie est un récit à la 3ème personne qui raconte la vie d’un personnage célèbre (homme politique, écrivain, sportif …) qui a réellement existé. L’authenticité des faits racontés est confirmée par un ancrage spatio-temporel précis, des citations des témoignages…

Quand elle prend une allure flatteuse, la biographie est appelée hagiographie (vie de saint).

Selon Lejeune, les auteurs d'autobiographies nouent un pacte — explicite ou non — avec leur lecteur, qui consiste pour l'auteur à se montrer tel qu'il est, dans « toute la vérité de la nature de leur récit autobiographique », quitte à se ridiculiser ou à montrer ses défauts. C'est un engagement que prend l'auteur à raconter directement sa vie, ou en partie dans un esprit de vérité. Seul le problème de la mémoire peut aller à l'encontre de ce pacte. En contrepartie de cette mise à nu parfois difficile (qui distingue fondamentalement l'autobiographie de la fiction), l'auteur est en droit d'attendre de son lecteur un jugement loyal et équitable ou il s'engage à ne dire que la vérité.

Les pactes autobiographiques sont souvent exprimés dans le texte, ils peuvent aussi être souscrits hors du texte, sur la couverture, dans d’autres récits, dans des interviews…

Tel tout écrivain autobiographique, A. Sefrioui, quant à lui, promet le lecteur de lui communiquer un récit rétrospectif sincère et véridique.Dans l’incipit, l’auteur révèle les motivations qui l’ont amené à écrire son roman autobiographie. Un véritable jeu d’énonciation nous est livré ici: un va et vient entre le narrateur-adulte et le narrateur-enfant...L’acte d’écrire, loin d’être le fruit de la simple imagination, il est un pacte de vérité...

« J'avais peut-être six ans, ma mémoire était une cire fraîche et les moindres événements s'y gravaient en images ineffaçable. Il me reste cet album pour égayer ma solitude, pour me prouver à moi-même que je ne suis pas encore mort.».p.6
1- Âge propice de la mémorisation.
2- Autobiographie sincère.

Quelques exemples d’autobiographie.
1954 Driss Chraïbi (Maroc), Le passé simple
1956 Kateb Yacine (Algérie), Nedjma 

1970 Mohammed Khaïr-Edinne (Maroc), Moi l’aigre
1971 Abdelkebir Khatibi (Maroc), La mémoire tatouée

1973  Tahar Ben Jelloun (Maroc), Harrouda

1973  Mohamed Choukri (Maroc), Le Pain nu
1983 Abdelhak Serhane (Maroc),  Messaouda

Date de dernière mise à jour : 09/06/2023

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