Les figures de style

Comparaison

  • Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un spectre de plomb à mes côtés.
  • Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un refrain horrible à toutes les paroles qu’on m’adresse.
  • Mon nom et mon crime ralliaient chaque matin une nuée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs de la salle d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre.
  • L’espérance vint rayonner en moi comme le jour autour de moi.
  • Tout cela était blanc et pâle, de la couleur d’un linceul.
  • C’est toute une langue entée sur la langue générale comme une espèce d’excroissance hideuse, comme une verrue.
  • Les geôliers (…) parlent de moi, devant moi, comme d’une chose.
  • Elle dort, elle est comme morte.
  • D’épaisses toiles d’araignées pendent comme des haillons.
  • Des curieux (…) me regardaient à distance comme une bête de la ménagerie.
  • C’est autour de ce mur, dans ce carré étroit, que leurs derniers pas ont tourné comme ceux d’une bête fauve.
  • Vous serez seul dans votre loge comme le roi.
  • La fenêtre donnait sur une cour carrée assez vaste, et autour de laquelle s’élevait des quatre côtés, comme une muraille, un grand bâtiment.
  • On eût dit des âmes en peine aux soupiraux du purgatoire qui donnent sur l’enfer.
  • Çà et là brillaient quelques yeux perçants et vifs comme des points de feu.
  • On eût cru voir des masques de démons. (Prisonniers)
  • Il entra dans la cour en faisant la roue sur, lui-même avec l’agilité d’un serpent.
  • Quand ces cordons sont développés à terre, ils figurent assez bien la grande arête d’un poisson.
  • Le moindre mouvement d’avant en arrière lui ferait sauter le crâne comme une coquille de noix.
  • Tout ce spectacle s’évanouit comme une fantasmagorie.
  • C’était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraîche. On eût dit la bave d’une limace sur une rose.
  • C’est la voiture qui m’avait amené une espèce d€ cabriolet oblong, divisé en deux sections par une grille transversale de fil de fer si épaisse qu’on la dirait tricotée.
  • Le tout si sale, si noir, si poudreux, que le corbillard de pauvres est un carrosse du sacre en comparaison.
  • Je me sentais emporté avec stupeur, comme un homme tombé en léthargie qui ne ni remuer n crier.
  • J’écoutais vaguement les paquets de sonnettes pendues au cou des chevaux de poste sonner en cadence et comme par hoquets.
  • (…) Le galop sonore des gendarmes autour de la carriole, le fouet claquant du postillon. Tout cela me semblait comme un tourbillon qui m’emportait.
  • Et, comme on fait entre la veille et le sommeil, je retournais cette idée en tous sens dans mon esprit engourdi de douleur.
  • J’étais devenu machine comme la voiture.
  • J’écoutais en silence cette chute de paroles monotones qui assoupissaient ma pensée comme le murmure d’une fontaine, et qui passaient devant moi, toujours diverses et toujours les mêmes, comme les ormeaux tortus de la grande route.
  • La carriole s’est enfoncée au grand trot dans ces vieilles rues tortueuses du faubourg Saint-Marceau et de la Cité, qui serpentent et s’entrecoupent comme les mille chemins d’une fourmilière.
  • Les passants se disputaient, en ouvrant la bouche comme pour un grand cri.
  • Lui, prolongeant son rire qui ressemblait à un, râle.
  • Nous autres, nous sommes comme les cardinaux de Rome, habillés de rouge, et on tire le canon quand nous partons.
  • Il s’est mis à battre des mains avec une joie d’enfant.
  • Pauvre petite ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux…
  • Chaque syllabe est comme une pièce de la machine.
  • J’ai cru voir le moment où il allait me railler doucement, comme on plaisante une jeune mariée le soir de ses noces.
  • Moi, j’étais là, comme une pierre qu’il mesurait.
  • Les souvenirs de mon enfance me reviennent un à un, doux, calmes, riants, comme des îles de fleurs sur ce gouffre de pensées noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.
  • Et elle se mit à courir devant moi avec sa taille fine comme le corset d’une abeille.
  • Je voyais en quelque sorte à vol d’oiseau, la place du Parvis-Notre-Dame, et les passants comme des fourmis.
  • Les yeux me cuisent comme si j’étais dans la fumée. Cet homme est de chair et d’os comme toi.
  • Elle est tombée tout d’une pièce, comme un morceau de bois, comme une chose morte.
  • C’était une charrette en sarrau bleu à dessins rouges, comme ceux des maraîchers des environs de Bicêtre.
  • La charrette et son cortège se sont mis en mouvement, comme poussés en avant par un hurlement de la populace.
  • Malgré la pluie fine et blanche qui rayait l’air comme un réseau de fils d’araignée, rien de ce qui se passait autour de’ moi ne m’a échappé.
  • Tout cela était une rumeur qui résonnait dans ma tête comme dans un écho de cuivre.
  • Ma nuque resta paralysée et d’avance comme morte.
  • Oh ! L’horrible peuple avec ses cris d’hyène !

Métaphore

  • C’est toute une langue entée sur la langue générale. Mon nom et mon crime ralliaient chaque matin une nuée de spectateurs.
  • L’espérance vint rayonner en moi…
  • Et que trouverai-je dans ce cerveau flétri et vide qui vaille la peine d’être écrit ?
  • On suppose qu’il y a de l’air et du jour dans cette boîte de pierre (cachot).
  • Des caractères rouillés qu’on dirait écrits avec du sang.
  • Certes, si j’avais l’esprit plus libre, je prendrais intérêt à ce livre étrange qui se développe page à page à mes yeux sur chaque pierre de ce cachot.
  • Rendre le sens et la vie à ces inscriptions mutilées, à ces phrasés démembrées, à ces mots tronqués, corps sans tête comme ceux qui les ont écrits.
  • Le P majuscule est brodé d’arabesques.
  • Voilà quels ont été avant moi les hôtes de cette cellule.
  • Non, c’était une fumée, une imagination de mon cerveau vide et convulsif.
  • Vous serez seul dans votre loge.
  • Parmi ces figures éteintes et mornes, ça et là brillaient quelques yeux.
  • Tous les yeux flamboyèrent, et je fus épouvanté de voir tant d’étincelles reparaître dans cette cendre.
  • Et voilà que deux ou trois portes basses vomirent presque en même temps (…), dans la cour, des nuées d’hommes hideux.
  • Il me sembla que cette nuée de démons (prisonniers et leurs paroles) escaladait m’a misérable cellule.
  • Je vis les coups de bâton pleuvoir au hasard sur les charrettes.
  • Le pourvoi, c’est une corde qui vous tient au-dessus de l’abîme.
  • J’écoutai avidement la chanson qu’elle chantait… C’était un air lent et langoureux, une espèce de roucoulement triste et lamentable.
  • Le patois de la caverne et du bagne, cette langue ensanglantée et grotesque.
  • Tout s’y flétrit, même la chanson d’une fille de quinze ans !
  • Avant de m’ensevelir dans cette tombe à deux roues, j’ai jeté un regard dans la cour.
  • J’écoutais en silence cette chute de paroles monotones i. qui assoupissaient ma pensée.
  • Le flot des passants s’arrêtait pour regarder la voiture
  • J’ai sauté à bas du cachot roulant.
  • Le directeur a prié l’huissier d’attendre un instant, lui annonçant qu’il allait avoir du gibier à lui remettre, afin qu’il le conduisît sur-le-champ à Bicêtre par le retour de la carriole. Sans doute le condamné d’aujourd’hui… Il paraît que la porte s’était ouverte, l’avait vomi, puis s’était refermée sans que je m’en fusse aperçu.
  • C’est dommage que Charlot ait pris la peine de lui attacher sa cravate.
  • Mon père a épousé la veuve.
  • Nous avons changé de pelure (vêtements).
  • Et il m’a pris une ardente soif de bonnes et consolantes paroles.
  • Les souvenirs de mon enfance me reviennent un à un doux, calmes, riants, comme des îles de fleurs sur ce gouffre de pensées noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.
  • Je me revois enfant (…) criant avec mes frères dans la grande allée verte de ce jardin sauvage où ont coulé mes premières années.
  • J’avais le paradis dans le cœur.
  • Autour de moi je n’aperçois plus cette vie plane et tranquille que j’ai quittée, et où les autres hommes cheminent encore, que de loin et à travers les crevasses d’un abîme.
  • Que l’intelligence s’éteigne pensée à pensée.
  • La dernière fibre de mon cœur est brisée.
  • Au-dessous de la fenêtre l’horrible peuple qui aboie…
  • Gendarmes devant, gendarmes derrière ; puis de la foule, de la foule et de la foule ; une mer de têtes sur la place.
  • Des marchands de sang humain criaient : qui veuf des places ?

Gradation

  • Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée.
  • Une horrible, une sanglante, une implacable idée !
  • Je n’ai plus qu’une pensée, qu’une conviction, qu’une certitude : un condamné à mort !
  • J’aime et j’adore Mathieu Danvin.
  • Pour une idée, pour une rêverie, pour une abstraction, cette horrible réalité qu’on appelle la guillotine.
  • Rien de plus dégradé, de plus nu, de plus misérable à l’œil que cette quadruple façade.
  • J’étais demeuré à la fenêtre, immobile, perclus, paralysé.
  • J’en suis resté navré, glacé, anéanti. Tout est fini, bien fini.
  • Il tombait une pluie de la saison, une pluie fine et glacée qui tombe encore à l’heure où j’écris, qui tombera sans doute toute la journée, qui durera plus que moi.
  • Alors il s’est mis à parler. Il a parlé longtemps ; il a dit beaucoup de paroles.
  • Non, rien ! Moins qu’une minute, moins qu’une seconde, et la chose est faite.
  • J’ai tremblé, comme si j’eusse pensé à autre chose depuis six heures, depuis six semaines, depuis six mois.

Énumération

  • c’étaient des jeunes filles, de splendides chapes d’évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière, et puis encore des jeunes filles et de sombres promenades la nuit sous les marronniers.
  • Trois jours que cette fantasmagorie des juges, des témoins, des avocats, des procureurs du roi, passait et repassait devant moi.
  • Je revis soudain, comme dans la lumière d’un éclair, la sombre salle des assises, le fer à cheval des juges chargé de haillons ensanglantés, les trois rangs de témoins aux faces stupides, les deux gendarmes aux deux bouts de mon banc, et les robes noires s’agiter, et les têtes de la foule fourmiller au fond dans l’ombre.
  • Le soleil, le printemps, les champs pleins de fleurs, les oiseaux qui s’éveillent le matin, les nuages, les arbres, la nature, la liberté, la vie, tout cela n’est plus à Moi !
  • ils (les murs) sont couverts d’écritures, de dessins, de figures bizarres, de noms qui se mêlent et s’effacent les uns les autres.
  • C’est du crayon, de la craie, du charbon, des lettres noires, blanches, grises.
  • Tout Bicêtre semblait rire, chanter, courir, danser.
  • On entendait ouvrir et fermer les lourdes portes, grincer les verrous et les cadenas de fer, carillonner les trousseaux de clefs entrechoqués à la ceinture des geôliers, trembler les escaliers du haut en bas…
  • Puis il sortit et referma sur moi serrures, cadenas et verrous.
  • Les spectateurs des fenêtres, jusqu’alors silencieux et immobiles, éclatèrent en cris de joie, en chansons, en menaces, en imprécations mêlées d’éclats de rire poignants à entendre.
  • Le ciel devint noir, une froide averse d’automne éclata brusquement, et se déchargea à torrents dans la cour carrée, sur les têtes découvertes, sur les membres nus des galériens, sur leurs misérables soyons étalés sur le pavé.
  • C’était pitié de les voir appliquer sur leurs membres bleus ces chemises trempées, c’ès vestes, ces pantalons dégoutants de pluie.
  • On entendit s’affaiblir par degrés dans l’air le bruit lourd des roues et des pieds des chevaux sur Ici route de Fontainebleau, le claquement des fouets, le cliquetis des chaînes, et les hurlements du peuple…
  • Je n’ai plus que trois’ pas à faire : Bicêtre, la Conciergerie, la Grève.
  • Un moyen de fuir, mon Dieu ! (…) par les portes, par les fenêtres, par la charpente
  • J’écoutais vaguement les paquets de sonnettes pendus au cou des chevaux de poste sonner en cadence et comme par hoquets, les roues ferrées bruire sur le pavé ou cogner la caisse en changeant d’ornière, le galop sonore des gendarmes autour de la carriole, le fouet claquant du postillon.
  • J’avais déjà dans l’oreille le bruit des roues, le galop des chevaux, le fouet du postillon.
  • La vue de ce grand escalier, de cette noire chapelle, de ces guichets sinistres, m’a glacé.
  • Un homme s’y trouvait avec moi, un homme d’environ cinquante-cinq ans, de moyenne taille ; ridé, voûté, grisonnant ; à membres trapus ; avec un regard louche dans des yeux gris, un rire amer sur le visage ; sale, en guenilles, demi nu, repoussant à voir.
  • Pauvre petite ! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux…
  • Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ?
  • Une populace encombrait la Grève et le quai, et des femmes, des hommes, des enfants étaient debout sur le parapet.
  • La petite Espagnole, avec ses grands yeux et ses grands cheveux, sa peau brune et dorée, ses lèvres rouges et ses joues roses, l’Andalouse de quatorze ans, Pepa.
  • Elle Me parle des petits oiseaux, de l’étoile qu’on voit là-bas, du couchant vermeil derrière les arbres, ou bien de ses amies de pension, de sa robe et de ses rubans.
  • Il y a tout auprès de moi, dans ces maisons qui font cercle autour du Palais et de la Grève, et partout dans Paris, des hommes qui vont et viennent, causent et rient, lisent le journal, pensent à leurs affaires ; des marchands qui vendent ; des jeunes filles qui préparent leurs robes de bal pour ce soir ; des mères qui jouent avec leurs enfants !
  • Avec son toit aigu et roide, son clocheton bizarre, son grand cadran blanc, ses étages à petites colonnes, ses milles croisées, ses escaliers usés par les pas, ses deux arches à droite et à gauche, il est là… – Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle !

Répétition

  • Il fallut pour me tirer de ma léthargie sa rude voix à mon oreille et sa main rude sur mon bras.
  • L’espérance vint rayonner en moi comme le jour autour de moi.
  • Puis les juges sortirent, puis ils rentrèrent, et le juge me lut mon arrêt.
  • Ces larges fenêtres lumineuses, ce beau soleil, ce ciel pur, cette jolie fleur, fout cela était blanc et pâle.
  • On multiplia les précautions : point de couteau, point de fourchette pour mes repas.
  • Après bien des hésitations, on m’a aussi donné de l’encre, du papier, des plumes, et une lampe de nuit. Les geôliers (…) parlent de moi, devant moi, comme d’une chose.
  • Comme je le disais tout à l’heure, seul à seul avec une idée, idée de crime et de châtiment, de meurtre et de mort.
  • Ce journal de mes souffrances, heure par heure, minute par minute, supplice par supplice…
  • Qu’est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !
  • Enfin la cour s’assemble, d’ordinaire un jeudi, rejette vingt pourvois en masse, et renvoie le tout au ministre, qui renvoie au procureur général, qui renvoie au bourreau.
  • Je laisse une mère, je laisse une Femme, je laisse un enfant.
  • Mes yeux ne peuvent se lever vers la lucarne carrée sans rencontrer ses deux yeux fixes toujours ouverts. Ainsi, après la visite des médecins, la visite des geôliers ; après la visite des geôliers, le ferrage.
  • J’ai une maladie, une maladie mortelle, une maladie faite de la main des hommes.
  • Misérable ! Quel crime j’ai commis, et quel crime je fais commettre à la société !
  • Ô ma grâce ! Ma grâce ! On me fera peut-être grâce.
  • Telle page les galériens, telle page les condamnés à mort. (…) il demande ce que c’est, galérien ou supplicié ? Et relit ici page ; et puis il vient. De cette façon, il advient que ceux qui vont à Toulon et ceux qui vont à la Grève sont un lieu commun pour lui, et qu’il est un lieu commun pour eux.
  • C’est une soirée que je me rappellerai toute ma vie. Toute ma vie !
  • Ce sont mes dernières pensées qui bourdonnent.
  • Ma belle enfance ! Ma belle jeunesse ! étoffe dorée dont l’extrémité est sanglante.
  • Entre alors et à présent ; il y a une rivière de sang, le sang de l’autre et le mien.
  • Et pourtant, misérables lois et misérables hommes. Oh ai-je crié, ma fille, qu’on m’amène ma fille ! – Marie ! Ai-je dit, ma petite Marie !
  • Et pourtant l’entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois.
  • Gendarmes devant, gendarmes derrière ; puis de la foule, de la fouie et de la foule ; une mer de têtes sur la place.
  • Toutes ces voix, toutes ces têtes, aux branches, aux portes, aux grilles…
  • Et la charrette allait, allait…
  • Il s’est approché du juge pour lui dire que l’exécution devait être faite à une certaine heure, que cette heure approchait, qu’il était responsable, que d’ailleurs il pleut, et que cela risque de se rouiller.

Antithèse

  • Comment une idée sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuses sensations ?
  • Mais à mesure que vous approchez, le palais devient masure.
  • Que cela suave des malheureux, innocents ou coupables, de l’agonie à laquelle je suis condamné.
  • Puisque le jour n’apparaît pas encore, que faire de la nuit ?
  • Rêve, vision ou réalité, je serais devenu fou, si une impression brusque ne m’eût réveillé à temps.
  • C’était en effet, pour un reclus solitaire, une bonne fortune qu’un spectacle, si odieux qu’il fût.
  • Un silence morne avait succédé à leurs bruyantes bravades.
  • Si je cherchais une image du sabbat, je ne la voudrais ni meilleure ni pire.
  • Un sentiment de pitié me remuait jusqu’aux entrailles, et leurs rires me faisaient pleurer.
  • Vêtus des mêmes vêtements pour le soleil à plomb de juillet et pour les froides pluies de novembre.
  • Et, comme on fait entre la veille et le sommeil, je retournais cette idée en tous sens dans mon esprit engourdi de douleur.
  • J’écoutais en silence cette chute de paroles monotones (…) qui passaient devant moi, toujours diverses et toujours les mêmes.
  • Je pense, ai-je répondu, que je ne penserai plus ce soir.
  • C’est moi qui vais mourir ! Moi, le même qui est ici, qui vit, qui se meut…
  • J’en construis ‘et j’en démolis sans cesse dans mon esprit la monstrueuse charpente.
  • C’est lui qui est bon et moi qui suis mauvais.
  • Dans la position où je suis, on croit par moments qu’on briserait une chaîne avec un cheveu.
  • Nous allions tous deux nous plaindre ensemble à nos mères, qui nous donnaient tort tout haut et raison tout bas.
  • Et le soir, son cadran, qui a marqué l’heure, reste lumineux sur sa façade ténébreuse.
  • Il est aussi haut que tu es bas.
  • Les voix les plus hautes deviennent basses en lui parlant.
  • Ces bourreaux sont des hommes très doux.

Interrogation oratoire

  • Que dites-vous là, monsieur ? Répliquai-je indigné ; plutôt cent fois la mort.
  • Que me disait-il, l’avocat ? Les galères !
  • Et pourtant cela leur serait si facile ! Une porte ouverte ! Qu’est-ce que cela leur ferait ?
  • C’est monsieur le procureur général, lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête ?
  • Qu’est-ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est-ce qui t’aimera ? Tous les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ? Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boire et de manger ?
  • Ils disent que ce n’est rien, qu’on ne souffre pas (…) Eh qu’est-ce donc cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu’est-ce les angoisses de cette journée irréparable, qui s’écoule si lentement et si vite ? Qu’est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l’échafaud ?

Oxymore

  • En vérité, ‘le jour sombre et le pain noir du cachot (…) voilà à peu près les seuls biens que puisse m’enlever le bourreau.
  • Un homme s’y trouvait avec moi, un homme d’environ cinquante-cinq ans, de moyenne taille ; ridé, voûté, grisonnant ; à membres trapus ; avec un regard louche dans des yeux gris, un rire amer sur le visage ; sale, en guenilles, demi nu, repoussant à voir.
  • Ce bruit sourd de cris que j’entends au-dehors, ce flot de peuple joyeux…
  • Il est noir au soleil.
  • Cet atroce éloge m’a donné du courage.

Périphrase

  • La camisole de force, une espèce de sac de toile à voilure, emprisonna mes bras-
  • Ces cordons sont de longues et fortes chaînes coupées transversalement de deux en deux pieds par d’autres chaînes plus courtes.
  • C’est la voiture qui m’avait amené : une espèce de cabriolet oblong, divisé en deux sections par une grille transversale de fil de fer si épaisse qu’on la dirait tricotée.
  • Le nom de la chose est effroyable, et je ne comprends point comment j’ai pu jusqu’à présent l’écrire et le prononcer. La combinaison de ces dix lettres, leur aspect, leur physionomie.
  • Est bien faite pour réveiller une idée épouvantable, et le médecin de malheur qui a inventé la chose avait un nom prédestiné.
  • La petite Espagnole, avec ses grands yeux et ses grands cheveux, sa peau brune et dorée, ses lèvres rouges et ses joues roses, l’Andalouse de quatorze ans, Pepa.

Accumulation

  • Comme je le disais tout à l’heure, seul à seul avec une idée, idée de crime et de châtiment, de meurtre et de mort.
  • Moi, seul muet dans ce vacarme, seul immobile dans ce tumulte, étonné et attentif, j’écoutais.
  • Non, c’était une fumée, une imagination de mon cerveau vide et convulsif. Chimère à la Macbeth !
  • Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré.
  • Tout ce peuple rira, battra des mains, applaudira. J’étais ivre, stupide, insensé.

Hyperbole

  • Il y aura bien encore dans les angoisses, dans les terreurs, dans les tortures qui la rempliront, de cette heure à la dernière, de quoi user cette plume et tarir cet encrier.
  • L’horrible idée de se briser la tête au mur de son cachot !
  • Cette horrible réalité qu’on appelle la guillotine.
  • Que leurs prétendues nécessités politiques sont hideuses !
  • Je viens de voir, crayonnée en blanc au coin du mur, une image épouvantable, la figure de cet échafaud.
    • les épouvantables spectres !
  • J’ai vu, ces jours passés, une chose hideuse.
  • Rien de plus dégradé, de plus nu, de plus misérable à l’œil que cette quadruple façade.
    • Je regardai avec terreur tous ces profils sinistres dans leurs cadres de fer.
  • J’observais ce spectacle étrange avec une curiosité si avide, si palpitante, si attentive, que je m’étais oublié moi-même.
  • Bonjour ! Bonsoir ! me crièrent-ils avec leur ricanement atroce.
  • Mais quand je vis les cinq cordons s’avancer, se ruer vers moi avec des paroles d’une infernale cordialité ; quand l’entendis le tumultueux fracas de leurs chaînes, de leurs clameurs, de leurs pas…
  • Il me sembla entendre de plus près encore les effrayantes voix des forçats.
  • Je crus voir leurs têtes hideuses.
  • Cette horrible complainte, cette lutte du brigand avec le guet, ce voleur qu’il rencontre et qu’il dépêche à sa femme, cet épouvantable message : J’ai assassiné un homme et je suis arrêté.
  • C’était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles.
  • Je suis sorti de l’horrible anxiété où m’avait jeté la visite du directeur.
  • Le tout si sale, si noir, si poudreux, que le corbillard des pauvres est un carrosse du sacre en comparaison.
  • Infernale voiture !
  • La porte s’est ouverte avec la rapidité de l’éclair.
  • Il a remué sa tête grise et presque chauve ; (…) creusant avec ses ongles sa poitrine velue.
  • Le nom de la chose est effroyable.
  • J’en construis et j’en démolis sans cesse dans mon esprit la monstrueuse charpente.
  • J’aurais dédaigné de lui répondre, à cet imbécile, si une espérance folle ne m’avait traversé l’esprit.
  • Gendarmes devant, gendarmes derrière ; puis de la foule, de la foule et de lei foule ; une mer de têtes sur la place.
  • La place a éclaté en bruit, du pavé aux toits, et les ponts et les quais ont répondu à faire un tremblement de terre.
  • Alors j’ai ri horriblement.      
  • Les mots manquent aux émotions.
  • Vers le milieu de ce Pont-au-Change, si large et si encombré que nous cheminions à grand-peine l’horreur m’a pris violemment.
  • J’avais vu une chose sinistre…
  • Oh ! L’horrible peuple avec ses cris d’hyène !

Anaphore

  • Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans mari, sans père ; trois orphelines de différentes espèces ; trois veuves du fait de la loi.
  • Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure.
  • Et moi qui me plaignais, moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui a versé du sang !
  • Moi, seul muet dans ce vacarme, seul immobile dans ce tumulte, étonné et attentif, j’écoutais.
  • Sur chaque visage parut une grimace, tous les poings sortirent des barreaux, toutes les voix hurlèrent, tous les yeux flamboyèrent.
  • Les galères ! Ah ! Oui, plutôt mille fois la mort ! Plutôt l’échafaud que le bagne, plutôt le néant que l’enfer ; plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin…
  • Pauvre petite ! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux…
  • Qu’est-ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est-ce qui t’aimera ? Tous .les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ? Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boire et de manger ?
  • Un forçat, cela marche encore, cela va et vient, cela voit le soleil.
  • Mais que m’a-t-il dit, ce vieillard ? Rien de senti, rien d’attendri, rien de pleuré, rien d’arraché de l’âme, rien qui vînt de son cœur pour aller au mien, rien qui… Fût de lui à moi.
  • Pas un regard dans pas un accent dans la voix, pas un geste dans les mains.
  • Et il pleurera, et nous pleurerons, et il sera éloquent, et je serai consolé, et mon cœur se dégonflera dans le sien, et il prendra mon âme, et je prendrai son Dieu.
  • Oh mourir dans quelques heures, et penser qu’il y a un an, à pareil jour, j’étais libre et pur, que je faisais mes promenades d’automne, que j’errais sous les arbres, et que je marchais dans les feuilles !
  • Eh ! Qu’est-ce donc cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu’est-ce les angoisses de cette journée irréparable, qui s’écoule si lentement et si vite ? Qu’est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l’échafaud ?
  • Elle est fraîche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle
  • Je l’ai prise, je l’ai enlevée dans mes bras, je l’ai assise sur mes genoux, je l’ai baisée sur ses cheveux.
  • Quoi ! Déjà effacé de cette mémoire, la seule où j’eusse voulu vivre J. Quoi I déjà plus père !

Métonymie / synecdoque

  • Quand ces apprêts furent terminés, un monsieur brodé en argent, qu’on appelait monsieur l’inspecteur, donna un ordre au directeur de la prison.
  • La société avait beau être là, représentée par les geôliers et les curieux épouvantés, le crime la narguait en face.
  • Les poings des misérables se crispaient sur leurs genoux.
  • J’ai vu une soutane, un rabat. C’était un prêtre. Cependant ma vue s’est troublée, une sueur glacée est sortie à la fois de tous mes membres, j’ai senti mes tempes se gonfler, et j’avais les oreilles pleines de bourdonnements.
  • C’est monsieur le procureur général, lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête ?
  • HOSPICE DE LA VIEILLESSE. – Tiens, me disais-je, il paraît qu’il y a des gens qui vieillissent, là.
  • Là, on m’a laissé seul, bien verrouillé.
  • En effet, j’étais pâle, et mes cheveux se dressaient. – Je mangeais mes soixante-six francs.
  • Elle rougira de moi et de mon nom.
  • Je voyais déjà les portes s’ouvrir devant l’uniforme de gendarme.
  • Il (le roi) n’a que de la soie et de l’or sous les yeux.

Personnification

  • L’intelligence doit abdiquer, le carcan du bagne la condamne à mort.
  • La prison est une espèce d’être horrible, complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve, elle m’enlace de tous ses replis (…) et me surveille avec ses yeux de geôlier.
  • Les jours d’exécution, ii (hôtel de ville) vomit des gendarmes de toutes ses portes, et regarde le condamné avec toutes ses fenêtres.
  • L’hôtel de ville sera là, avec sa façade vermoulue, son toit déchiqueté, et son cadran qui aura été sans pitié pour tous.
  • Hélas qu’est-ce que la mort fait avec notre âme ?

Antiphrase

  • Ils m’ont bien gardé ; et puis ils ont été polis à l’arrivée et au départ. Ne dois-je pas être content ?
  • Ce bon geôlier, avec son sourire bénin, ses paroles caressantes, son œil qui flatte et qui espionne, ses grosses et larges mains, c’est la prison incarnée.
  • C’est monsieur le procureur général, lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête ? Bien de l’honneur pour moi qu’il m’écrive.
  • C’est un spectacle qu’on embrasse plus aisément. d’un coup d’œil, c’est plus tôt vu. C’est tout aussi beau et plus commode. Rien ne vous distrait.

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 09/06/2023

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