1) La famille Tuvache et la famille Vallin : deux familles de paysans pauvres et solidaires.
●On relève au début de la nouvelle le champ lexical de la fusion : les deux familles forment deux groupes homogènes, elles vivent dans des chaumières jumelles, travaillent la même « terre inféconde », ont un nombre identique d’enfants répartis de façon symétrique (trois filles et un garçon, une fille et trois garçons).
●La destinée des deux familles paysannes : le lecteur suit leur évolution, de l’union initiale (fusion, proximité, alliance et entente du début) à la désunion finale (l’éclatement, la dispersion et la haine de la fin). Les Vallin se sont enrichis et sont heureux, les Tuvache sont toujours misérables et le malheur les frappe plus cruellement encore.
●Les paysans sont disqualifiés dans cette nouvelle : ils ont un comportement bestial, leur langue est déformée, leurs enfants se vautrent « dans la poussière », leur intelligence est limitée. Les parents Tuvache sont « stupéfaits et sans idée ». Au fil du récit, le narrateur emploie en effet un lexique de plus en plus dépréciatif concernant les Tuvache, et en particulier la mère : « ostentation », « grossières », « vociférées », « sans répit ». De plus, il insinue progressivement le doute quant à ses véritables motifs.
A. Jean Vallin : comme les autres enfants, il vit misérablement, dans la saleté. C’est un « marmot hurlant » qu’emporte Mme d’Hubières. Pus tard, il s’est transformé « Un jeune monsieur, avec une chaîne de montre en or, descendit d’une brillante voiture ». Il parle bien : « Bonjour, papa ; bonjour, maman ». Ces quelques détails montrent l’évolution de Jean, sa promotion sociale. De plus, il a été élevé dans le souvenir de ses parents qu’il a quittés à quinze mois environ.
B. Charlot Tuvache : à quinze mois avec « ses joues sales » et « ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre », il a attiré l’attention de Mme d’Hubières. À vingt et un an Charlot est resté un rustre et il quitte ses parents car il leur reproche de ne pas l’avoir « vendu » aux d’Hubières, d’être restés misérables, d’avoir fait son malheur en ne faisant pas son bonheur, de l’avoir privé de cette chance d’ascension sociale. C’est lui qui aurait dû revenir riche, bien habillé et bien élevé.
2) Les d’Hubières : une famille riche qui appartient à la noblesse (particule « de » élidée).
Le couple est peut-être en cure pour résoudre un problème de stérilité « Nous n’avons pas d’enfants, nous sommes seuls, mon mari et moi ». Rolleport est signalé comme une ville d’eau. Ils sont riches ce qui va leur permettre d’obtenir ce qu’ils souhaitent : « acheter » un enfant. Les d’Hubières représentent la richesse, mais aussi et surtout les « tentateurs ».
A. M. d’Hubières :
-Il est vraisemblablement stérile, cela l’humilie : « ces admirations qui étaient une douleur et presque un reproche pour lui ».
-Il apparaît plutôt faible et uniquement occupé à satisfaire les caprices de sa femme. Il est soumis face à ses fantaisies : « accoutumé à ces admirations », « son mari attendait patiemment dans sa frêle voiture ».
B. Mme d’Hubières :
-Elle a du caractère : « conduisait elle-même ».
-Elle est en mal d’enfant : « Il faut que je les embrasse ! Oh ! Comme je voudrais en avoir un ».
-Elle a prémédité cette adoption : « reparut tous les jours, les poches pleines de friandises et de sous ».
-Mme d’Hubières apparaît puérile. Elle est habituée à tout obtenir : « une voix d’enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits ».
-Elle se comporte comme une enfant gâtée impatiente d’assouvir ses désirs : « une ténacité de femme volontaire et gâtée », « trépignant d’impatience ».
-Le narrateur donne ainsi du couple une image plutôt péjorative.