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                                     La comédie classique

1. Origine 

La comédie trouve son origine dans l’antiquité grecque puis latine. La notion de comédie a été déterminée par Aristote dans sa Poétique. Ce dernier la juge come un genre « bas », de peu de valeur, par opposition au genre « élevé » qu’est la tragédie. Il faudra attendre le XVIIe siècle est Molière pour que la comédie acquiert ses lettres de noblesse.

2. Définition 

La comédie classique peut aussi bien être en vers qu’en prose. Quant à sa longueur, elle peut comporter de trois à cinq actes. Les différents sujets qu’elle traite se rapportent à la vie quotidienne : mariage, argent, éducation, etc. Elle s’intéresse particulièrement à ce qui fait le quotidien de la bourgeoisie, même si elle met en scène différents milieux sociaux allant de la petite noblesse jusqu’aux paysans en passant par les domestiques. Quel que soit le sujet traité, le dénouement est toujours heureux dans une comédie, dans le sens où elle ne donne pas lieu à la mort.

La comédie met en scène des personnages dont elle révèle – d’une manière ou d’une autre - le ridicule.

3. Les différentes visées de la comédie

La première ambition de la comédie est bien évidemment de faire rire, par un comique de situation (malentendu, quiproquo), de caractère (éléments amusants de la personnalité), de geste (mimiques, coups de bâton), de langage (jeux verbaux) ou de répétition (reprise de gestes, paroles). Mais la tonalité satirique d'un certain nombre de comédies montre que la comédie a parfois pour but d'instruire ou de moraliser au même titre que la fable en montrant les travers de la société et des hommes. Le théâtre peut dénoncer subtilement des défauts comme l’avarice ou encore l’hypocrisie, etc. C'est ce que Beaumarchais dit, en 1784, dans la préface de sa comédie intitulée Le Mariage de Figaro : « La loi première [de la comédie], et peut-être la seule, est d'amuser en instruisant. »

Au XXème siècle, le genre comique a évolué vers un rire plus grinçant, notamment sous l’impulsion d’un auteur comme Becket. Le comique clownesque a ainsi réussi à dévoiler le tragique de la condition humaine au point où tout peut désormais faire rire, y compris des sujets complexes comme le suicide, par exemple. Le rire semble donc être le seul moyen d’oublier, d’une certaine manière, la mort.

4. Les règles de la comédie

Reprenant Aristote, les dramaturges du XVIIe siècle ont codifié la comédie ; mais durant les siècles suivants, les auteurs s'affranchissent de ces normes strictes.

a- Forme et structure

Les comédies se structurent en trois ou en cinq actes (parfois entrecoupés d’intermèdes musicaux) et sont rédigées soit en vers ou en prose. Certaines d’entre elles respectent la règle des trois unités. L’intrigue est souvent ténue et la fin est toujours heureuse.

b. Des personnages de condition moyenne

La comédie met en scène des personnages principaux appartenant au peuple ou à la bourgeoisie. Ces personnages, dont beaucoup sont des types hérités de la tradition, se définissent par leurs rôles (de père, de valet, de jeune amoureux, etc).

c. Une intrigue inventée

Contrairement à la tragédie qui reprend des mythes ou l'Histoire, l'intrigue de la comédie doit être inventée par l'auteur. Son action se développe en un, en trois ou en cinq actes ; son déroulement est ponctué de péripéties et de coups de théâtre et son dénouement est heureux puisque les héros réussissent à résoudre les conflits apparus au cours de leur existence.

d. Les règles d'unité

La comédie classique se conforme à plusieurs règles. Elle doit mettre en scène une action principale (unité d'action), se dérouler en moins de vingt-quatre heures (unité de temps) et dans un seul endroit (unité de lieu). De même, elle ne doit pas mélanger les genres, c'est-à-dire comporter, par exemple, de moments tragiques (unité de ton).

5. Les différents genres de comédies

a- La farce : au Moyen Age, la farce était jouée en pleine ville sur des tréteaux. Elle est caractérisée par un comique gras et grossier : coups de bâtons, bastonnades, goinfreries, vols, insultes, chutes, grimaces, jurons, plaisanteries misogynes (à l’encontre des femmes) ou scatologiques.

La farce est à l'origine de la comédie telle qu'on la connaît : sa naissance remonte au temps des romains. Elle s'est ensuite développée pendant le Moyen-Age pour finalement donner naissance à la commedia dell'arte.

Molière a gardé de nombreux ressorts comiques hérités de la farce pour ses comédies.

b- La commedia dell’arte : théâtre extérieur et populaire très pratiquée au XVIIe s., elle vient d’Italie et met en scène des acteurs qui improvisent. Chaque acteur joue un personnage type célèbre : Arlequin, Pierrot, Scaramouche, le Docteur, … (hérités des « types » antiques)

c- La comédie classique dont le dramaturge emblématique est Molière (XVIIe).

  • Comédie de caractère qui tourne en ridicule un vice humain. Elle cherche à représenter les grands défauts humains, comme l'avarice, la colère, l'hypocrisie, de façon souvent caricaturale. C'est à ce genre de comédies qu'appartiennent un certain nombre de pièces de Molière comme L'Avare (1668) ou encore Le Malade imaginaire (1673).
  • Comédie de mœurs qui tourne en dérision un travers à la mode etapparaît souvent comme une satire de la société. C'est le cas, par exemple, des Précieuses ridicules (1659) de Molière, qui stigmatise le snobisme du langage, ou de Tartuffe (1664), qui dénonce l'hypocrisie religieuse.
  • Comédie d'intrigue qui est forte de nombreux rebondissements, elle met souvent en scène un couple de jeunes amants obligés de surmonter l'opposition de parents ou de rivaux tyranniques et ridicules – c'est le cas par exemple du Barbier de Séville (1775) de Beaumarchais. Elle présente aussi des valets rusés, et parfois fourbes, qui n'ont de cesse de faire triompher l'amour et/ou de duper leurs maîtres. Elle base son humour sur les situations que rencontrent les personnages. Elle est ainsi faite de quiproquos, de déguisements, de mascarades, etc.
  • La comédie-ballet est un type de comédie qui mélange ballet et pièce à proprement parler.

Le bourgeois gentilhomme, pièce de 1670 écrite par Molière et dont la musique est composée par Lully est une comédie-ballet.

d- Le vaudeville : comédie populaire du XIXe, qui repose sur l’exploitation du comique de situation et les quiproquos. Labiche, Feydeau, Courteline.

e- La pièce absurde repose, au XXe, sur des dialogues sans cohérence et le non-sens. Le but est de montrer sur scène l’absurdité de la condition humaine. Beckett et Ionesco.

6. Les 4 types de comique

a- Le comique de situation : quiproquo, rencontres imprévues, coups de théâtre.

b- Le comique de gestes : coups de bâtons, pantomimes, courses poursuites, …

c- Le comique de mots : insulte, jeu de mot, répartie (qualité de répondre de manière brillante à une attaque)

d- Le comique de caractère : c’est le défaut d’un personnage qui fait rire

7. Les grands auteurs de comédies

a. Molière (1622-1673)

Molière est le maître incontesté de la comédie. Acteur, metteur en scène, directeur de troupes, il écrit, en 1659, sa première comédie à succès, Les Précieuses ridicules. Il excelle alors dans le genre de la comédie de caractères, dont les plus connues sont Le Misanthrope (1666), L'Avare (1668), Le Malade imaginaire (1673), et dans le genre de la comédie de mœurs avec Tartuffe ou l'Imposteur (1664), Dom Juan ou le Festin de pierre (1665), Le Bourgeois gentilhomme (1670).

b. Marivaux (1688-1763)

Son théâtre est celui du cœur et des intrigues psychologiques. L'amour, de sa naissance à son aveu, est traduit et trahi par un langage subtil : c'est le marivaudage. Ses principales comédies sont La Double Inconstance (1723), L'Ile des esclaves (1725), Le Jeu de l'amour et du hasard (1730) et Les Fausses Confidences (1737).

c. Beaumarchais (1732-1799)

Après s'être essayé au drame, Beaumarchais fait de la comédie, quelques années avant la Révolution, un instrument critique des privilèges de la noblesse. Son œuvre mêle tonalité comique et tonalité satirique et revendique « la liberté de blâmer ». Sa trilogie Le Barbier de Séville (1775), Le Mariage de Figaro (1784) et L'Autre Tartuffe ou la Mère coupable (1792) met en scène Figaro, un valet spirituel qui incarne les idées révolutionnaires.

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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